22/12/2010
Les salariés de l'Aide à domicile en colère
Ce mardi 21 décembre, des salariés ont observé une heure de grève, de 14 à 15 h, et se sont rassemblés devant le siège l'association rue Maréchal Joffre.
Les motifs de colère ne manquaient pas, à commencer par le décalage dans le versement du salaire du mois de décembre. Habituellement versé dans la deuxième quinzaine du mois, les employés ont été informés au dernier moment que celui-ci ne serait versé que dans la première quinzaine de janvier. Joli cadeau de Noël de la part de la direction… Les salariés eux devront en subir les conséquences : agios, rejets bancaire…
Beau comportement social de l'UNA Pointe de Caux (ASSAD-AMAD) pourtant officiellement reconnue association de bienfaisance !
En réalité, les associations d'aide à domicile sont sur un marché concurrentiel, où se rencontrent des entreprises du secteur privé lucratif, des associations loi 1901 et les quelques services publics qui subsistent, la plupart d'entre eux ayant été fermés. Les besoins vont augmenter : le nombre de personnes en perte d'autonomie devrait augmenter de 18% entre 2005 et 2020, de quoi aiguiser les appétits. La concurrence va être rude, ce d'autant plus que le problème du financement se pose avec de plus en plus d'acuité. Les ressources des usagers sont plutôt à la baisse et les collectivités locales, elles-mêmes étranglées financièrement par l'Etat, diminuent notablement leurs subventions.
Dans ce contexte, rien d'étonnant que les associations, tout en affichant à l'extérieur des valeurs humanistes et désintéressées, développent des stratégies commerciales d'expansion, et comme n'importe quel employeur, tentent de comprimer les coûts au détriment du personnel. L'UNA Pointe de Caux, association havraise à l'origine, crée de nouvelles antennes, multiplie les services et tente de diversifier ses publics, quitte à s'éloigner de sa vocation d'origine.
Ces associations ne font pas de bénéfices, mais peuvent à l'occasion réaliser des excédents de gestion. En 2007 ceux de l'UNA Pointe de Caux s'élèvent à 548.691 €. Pour parvenir à accumuler de tels excédents –indispensables pour financer les stratégies d'expansion- les associations ont recours aux contrats aidés financés par l'Etat. Conséquences : turn-over et précarisation des salariés, au détriment de la qualité du service rendu aux usagers, déstabilisés par les changements incessants d'intervenants… le tout grâce à l'argent de nos impôts.
Mais l'Etat a revu les conditions d'accès à ces contrats aidés et cette manne est devenue peau de chagrin. Les excédents de l'UNA Pointe de Caux ont fondu comme neige au soleil, sans disparaître totalement. L'ARAPA, association rouennaise d'aide à domicile, n'a pas survécu à la diminution drastique de cette source de financement qui lui permettait surtout de combler son déficit. La gestion de la direction rouennaise a été mise en cause par le cabinet qui a réalisé une expertise pour le compte du comité d'entreprise. Entre autres dérives, le rapport pointe le niveau des plus hauts salaires, supérieurs à ceux de la convention collective : ils représentent en 2008 un écart de 42.389€ pour quatre personnes. La directrice s'était elle-même largement augmentée, hors de tout contrôle ; des méthodes que le rapport d'expert n'hésite pas à qualifier de malversations.
L'activité de l'ARAPA –qui adhérait aussi à la même fédération UNA- est reprise par l'UNA Pointe de Caux. L'ensemble des intervenantes à domicile conserve son emploi, mais 9 licenciements ont eu lieu parmi le personnel administratif, les cadres et les agents de maitrise. L'ensemble des "fonctions supports" : comptabilité, ressources humaines… sera effectué au siège, mais sans la moindre embauche. L'association espère ainsi pouvoir accumuler de nouveaux excédents. Cependant le rapport d'expertise est dubitatif sur la capacité du personnel à absorber ces nouvelles charges de travail à effectif constant.
Enfin les licenciements ne se sont pas faits au hasard. Parmi les cadres qui n'ont pas été licenciés, l'ancienne directrice reste en poste à Rouen au titre de coordinatrice.
Le dépôt du mot d'ordre de grève a fait bouger la direction, qui a promis 75% d'acompte sur le mois décembre, et de rembourser agios et frais de rejet. Cela suffira-t-il pour tout régler ? Les salariés qui connaitraient des difficultés suite aux décisions de la Direction sont invités à se rapprocher de la CGT.
09:25 Publié dans luttes, Manifs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aide à domicile