23/06/2010
24 juin : Déclaration de Bernard Thibault, Secrétaire général de la Cgt
Anticipant une journée de mobilisation unitaire pour la défense des retraites qui s’annonce puissante, les avocats du projet de loi gouvernemental multiplient les tentatives pour réduire l’ampleur des protestations à l’expression d’une minorité agissante.
Ainsi, Le Figaro fait sa Une ce matin sur le résultat d’un sondage IFOP pour tenter d’accréditer l’idée que « 58 % des français approuvent la retraite à 62 ans ». Il y aurait un revirement de l’opinion des français puisque toutes les enquêtes ont montré jusqu’à présent une forte majorité en profond désaccord avec la volonté de saborder le droit au départ à la retraite à 60 ans
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A y regarder de plus près, je constate que :
• l’on interroge les français sur le caractère « acceptable » du recul de deux ans de l’âge légal de départ à la retraite et qu’on leur fait dire qu’ils « approuvent les 62 ans »,
• 70 % des retraités jugent « acceptable » une mesure qui ne les affecte pas, tout comme 67 % des professions libérales et 61 % des artisans et commerçants,
• Le Figaro aurait pu faire son titre sur les 67 % qui jugent la réforme « plutôt injuste ».
Cette tentative de manipulation de l’opinion conduit l’éditorialiste du Figaro à affirmer de manière péremptoire « les français comprennent la nécessité de porter l’âge légal de la retraite à 62 ans, ils approuvent le gouvernement d’avoir pris cette décision ». C’est une version du « comment prendre ses désirs pour des réalités ».
Parallèlement, une autre enquête IFOP également publiée ce matin mettrait en évidence que 57 % des français ne font pas confiance aux syndicats. Là aussi, il s’agirait d’une rupture avec toutes les enquêtes précédentes sur le sujet qui ont toutes mis en évidence un taux de confiance oscillant entre 53 et 57 % à l’avantage des syndicats.
L’explication réside sans doute dans l’avertissement discret commentant le résultat « les comparaisons sont difficiles. La méthode du sondage n’est pas la même que les années précédentes ». Les sondés ont été sollicités via Internet, ce qui représente un « biais », selon les spécialistes des sciences sociales.
En effet, faut-il être abonné à Internet pour que son opinion soit prise en compte ? Peu importe ce détail pour les commanditaires, l’essentiel est d’alimenter le discrédit sur la parole syndicale.
Les mauvaises langues ont relevé que ces deux enquêtes d’opinion, relayées aujourd’hui dans les médias, émanent de l’IFOP dont la Vice-présidente n’est autre que Madame Parisot, par ailleurs Présidente du Medef !
Je ne peux m’empêcher de rapporter ces faits à d’autres tout aussi préoccupants. Ainsi, à deux reprises cette semaine, une radio et une chaîne de télévision, toutes deux publiques, ont décommandé l’invitation qui m’était faite de venir exprimer nos positions avant la journée de mobilisation du jeudi 24 juin. Une autre invitation, celle-ci prévue pour demain soir, est mise en suspend. A chaque fois, c’est l’actualité footballistique qui justifierait ces changements de programme.
Le débat de société sur l’avenir des retraites qui engage le sort de millions de salariés pour plusieurs décennies devrait s’effacer derrière les péripéties de notre équipe de football !
Aussi, j’interpelle par avance publiquement les rédactions des principaux médias qui seraient tentées jeudi de reléguer la journée de grèves et de manifestations au rang des faits divers. L’élimination de l’équipe de France de football de la coupe du monde 2010 est malheureusement une affaire entendue ; la mobilisation contre le projet de réforme des retraites, elle, ne fait que commencer.
Montreuil, le 23 juin 2010
16:49 Publié dans communiqués | Lien permanent | Commentaires (0)
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